Pour cette « méga rando » de deux jours, nous sommes partis vendredi à 17 heures d’Elne. A Fontpédrouse, nous avons quitté la nationale et pris la direction de Prats Balaguer. À la sortie de Prats, une mauvaise piste nous a secoués sur cinq kilomètres jusqu’au plan d’eau d’Aumet à 1600 mètres d’altitude. Là nous avons monté le bivouac et passé la soirée et la nuit.
Samedi matin, lever vers cinq heures, démontage du camp, petit déjeuner et départ car la route sera longue. Il est 6h45. Une piste herbeuse, nonchalante et agréable nous promène le long des rives de la Riberola sur le GR 10 jusqu’au refuge de l’Orri. Nous avons parcouru deux kilomètres. Le soleil n’éclaire encore que la crête des montagnes qui nous entourent.
Peu après le refuge, nous abandonnons le GR pour suivre sur un peu plus d’un kilomètre le « Camí de Nuria ».
Au confluent de la Riberola et de la Valleta, nous nous engageons dans la vallée de la Valleta. Elle est large, verdoyante mais hérissée de part et d’autre de crêtes constituant une sorte de barrière rocheuse déchiquetée, impressionnante et plutôt hostile.
Le chemin a disparu. Nous remontons la vallée fermée à son extrémité et qui semble butter sur la frontière espagnole. La pente s’accentue. 9h30, nous avons dépassé les 2300 mètres d’altitude. Vers le grau de la Vallleta, nous observons une petite pause pour nous désaltérer.
– « Tu vois le passage du Pas del Porc? »
C’est Patrice qui derrière moi m’interpelle.
– « Non! »
– « Tu vois le petit nuage sur la crête à gauche? »
– « Ouais! »
– « Tu vois le petit sommet pyramidal juste à sa gauche? »
– « Ouais! »
– « Et bé… c’est là! »
– « Ah!… »
Le tracé ne saute pas aux yeux. La faille parait bigrement abrupte et le pierrier qui semble défendre le passage est plus qu’impressionnant. Bref, je ne suis pas spécialement rassuré. En silence, nous atteignons la base de l’amoncellement pierreux, (la tartère) et nous nous engageons dans la montée. Elle est rude, mas les pierres assez bien calées facilitent la progression. Plusieurs fois nous devons nous arrêter pour reprendre notre souffle Après vingt minutes d’escalade de blocs de cailloux, nous atteignons la base de la cheminée.
Paradoxalement, en s’aidant des mains, la montée parait moins sévère malgré la verticalité de la paroi. Sur la fin du parcours une large pierre plate fortement inclinée demande pour son franchissement, une grande lucidité et un maximum d’attention. Après ce passage assez délicat, encore un petit effort et nous voilà déjà sur la crête, savourant le plaisir d’avoir enfin franchi cet obstacle. Il est 10h30 et nous sommes à 2565 mètres d’altitude point culminant de la rando.
Sous nos yeux s’ouvre la vallée de la Carança. Elle est d’une beauté à couper le souffle. À perte de vue, ce ne sont que sommets majestueux mouchetés encore de leurs derniers névés encadrant une vallée tapissée de rhododendrons avec ses torrents et ses lacs qui scintillent au soleil. Pour arriver jusque là, l’effort a été intense mais la récompense n’en est que plus appréciée.
Nous prenons le temps d’admirer ce somptueux paysage et c’est comme à regret que nous rejoignons le fond de la vallée pour retrouver le chemin qui tout en gambadant conduit le long du torrent vers le refuge du Ras de la Carança.
Il est midi lorsque nous arrivons à « l’estany » de Carança. Le cadre est splendide, la pause s’impose. Après le repas, nous repartons et en deux heures d’un chemin paradisiaque nous arrivons au refuge du Ras de la Carança terme de la randonnée d’aujourd’hui Il est 15h00.
Le refuge, comme à son habitude est bondé. l’ambiance y est sympathique et bon enfant mais pour le calme, le repos et le sommeil, il vaut mieux ne pas trop se faire d’illusions.
Dimanche matin, après une nuit en demi-teinte et un bon petit déjeuner, nous partons pour le coll Mitjà. C’est la seule difficulté de cette courte randonnée qui nous ramènera à notre point de départ, à Aumet. Facile. Pour mieux profiter d’un panorama au demeurant assez estompé par un brouillard matinal, au lieu de rester sur le GR, nous suivons les larges lacets d’une piste qui monte en pente douce et qui parait assez peu utilisée.
Après le col, le chemin descend tranquillement. Il semble vouloir nous ménager. Une petite pause au Collet d’Avall et nous voilà déjà en vue des voitures. Il n’est même pas dix heures.
Pour terminer de façon originale et agréable cette rando, nous décidons avant le repas d’aller nous délasser et nous prélasser dans les vasques d’eau chaude de la source thermale de Prats Balaguer. Sympa, non…
Mais quelle rando, que cette rando-là! Nous n’étions que trois… Dommage! Mais que de souvenirs nous allons conserver.