S’il est des randonnées que l’on refait avec beaucoup de plaisir, incontestablement, celle-ci en fait partie.
L’ancienne industrie minière de Taurinya, le patrimoine religieux et architectural de cette région, des paysages magnifiques, tout ici incite à parcourir ces chemins et à découvrir ou redécouvrir ce pays.
Les parcourir, certes, les redécouvrir, assurément, mais surtout les partager avec de nouveaux randonneurs et ce matin justement avec trois amis Québecois de passage dans la région et ravis de faire cette sortie à mi chemin entre la randonnée classique et la journée patrimoine.
Après le gîte étape « el passatge », nous arrivons tout de suite sur le site minier, « el Salver », avec sa trémie pour commencer le circuit et un peu plus loin, un locotracteur exposé derrière la grille d’entrée d’une ancienne galerie. Le chemin qui présente quelques portions assez abruptes, nous conduit ensuite devant un ancien four à griller le minerai usé par le temps et des siècles d’exploitation. Un peu plus haut sur une belle esplanade avec des bâtiments en ruines, un deuxième four apparait. Il est plus récent, (XIXème siècle) et dans un tel état de conservation qu’on peut se demander s’il a servi un jour?
Bien que recouvertes par la végétation et souvent envahies par les ronces, les cicatrices de la mine sont encore bien visibles et rappellent qu’ici, des générations de paysans mineurs ont vécu grâce au fer extrait à grand peine des entrailles de cette terre.
Nous laissons la mine et arrivons à la tour des Corts, étrange chapelle isolée, perchée sur son monticule et dans laquelle nous ne pouvons entrer. Il semble que l’escalier d’accès ait disparu depuis bien longtemps.
Le Canal de Bohère que nous suivons un moment est à sec en cette période de l’année. C’est bien dommage car nous ratons le spectacle de l’eau jaillissant toute bouillonnante de son siphon.
Après avoir traversé la rivière de Taurinya « la Llitera » nous arrivons devant l’abbaye de Saint Michel de Cuixà vieille de plus de 1000 ans. Vendue pendant la révolution, laissée longtemps à l’abandon, blessée par le temps et dépecée de ses biens les plus précieux, elle a bien failli disparaitre. Sauvée de la ruine au début du 20ème siècle, elle peut à nouveau se dresser fièrement vers le ciel, elle qui a vu peu avant l’an mil un Doge de Venise, Pierre Orséolo abandonner le pouvoir, la gloire et l’argent pour devenir dans ses mûrs, le plus humble des moines.
Un peu à l’écart de l’abbaye, nous déjeunons sur les fondations (seuls restes existants) de la petite chapelle où se trouve la pierre d’Orséolo, qui au moyen âge attirait en procession les pèlerins et les malades de toute la région.
Une montée assez soutenue nous conduit au col de Clara où nous bénéficions d’un très beau point de vue sur les deux vallées avant de redescendre à Taurinya point final de notre rando.
Nous étions 16 participants pour parcourir les 14km et les 550m de dénivelée de ce très agréable et intéressant circuit.