Il est inutile de décrire cette randonnée déjà tant de fois parcourue. Ces lieux émouvants, chargés d’histoire et qui recèlent encore tant de secrets et de mystères méritent amplement que l’on leur rende périodiquement une petite visite.
Ce matin donc, nous avons quitté le site minier de Batère reconverti en gîte étape de montagne et sommes partis en direction du Collet de Pey, sur cette crête frontière entre Vallespir et Conflent. Le ciel est d’un bleu éclatant et la température idéale. Tant mieux!
Après avoir dépassé la tranchée (ou faille) dite de la Langouste, première trace d’exploitation minière à ciel ouvert, notre chemin s’enfonce à travers bois dans une longue descente et débouche devant les bâtiments délabrés et ruinés où logeaient jadis les mineurs de La Pinouse jusqu’à la fermeture définitive de ce site en 1931. Les locaux abandonnés depuis cette époque furent occupés par le maquis Henri Barbusse entre la mi-juillet et le 3 août 1944 lorsque les Allemands investirent les lieux et les incendièrent après avoir exécuté Julien Panchot chef de ce maquis. La plaque commémorative dédiée à ce héros de la résistance parait aujourd’hui bien esseulée en ce lieu désert et désormais livré aux ronces. Seuls quelques randonneurs doivent venir de temps en temps lui rendre, comme nous, une petite visite.
Ce matin, La Pinouse nous a dévoilé une face que nous ne connaissions pas; le carreau de la mine avec sa grande trémie, l’ancrage de départ du câble aérien de transport du minerai et l’énigmatique puits du contre poids de ce câble.
Sur le chemin conduisant à Rapaloum, point d’arrivée du câble, quelques galeries et la dynamiterie sont encore visibles (il est fortement déconseillé de s’y aventurer).
Après la longue visite de la gare de départ du train transportant le minerai de Rapaloum à Formentère et des vestiges de la trémie de chargement, nous prenons notre repas sur la plate-forme d’arrivée du câble aérien et observons un long moment de repos avant de repartir sur le tracé de l’ancienne voie ferrée minière en direction du site d’extraction des Manerots. Tout le monde reste admiratif devant l’ingénieux système d’ascenseur à eau glissant sur un pan incliné et destiné à monter le minerai au niveau de la voie ferrée pour permettre ainsi son évacuation par le train minier.
Nous quittons la voie par un sentier nerveux qui grimpe à travers une forêt de hêtres pour rejoindre la tour de Batère elle aussi sévèrement marquée par le temps et les éléments et en grand danger d’effondrement total.
C’est un chemin courant sur les flancs du Pic de l’Estelle qui nous ramène à Batère au terme de cette randonnée historique, culturelle et tout de même un peu sportive avec ses 18km de distance et ses 700m de dénivelée positive que les cinq participants de notre groupe ont parcouru avec grand plaisir et en environ huit heures.