Le 11 (ou le 12) mai 1258, les représentants de Louis IX (Saint Louis), Roi de France et de Jacques 1er, Roi d’Aragon signaient à Corbeil un traité qui définissait la frontière entre les deux royaumes. Quatre cents ans plus tard, le traité des Pyrénées signé le 7 novembre 1659 entre Louis XIV et Philippe IV d’Espagne modifiait cette frontière et la déplaçait à sa position actuelle.
La frontière de 1258 était matérialisée sur le terrain par de solides bornes dont quelques unes subsistent encore de nos jours.
Ce matin donc, nous enfilons notre costume de détective et nous partons à leur recherche.
Au départ d’Ille, nous contournons le site des Orgues et par une petite route, gagnons l’imposante ruine de l’ancien monastère de Saint Clément de Régleille qui dort au milieu des broussailles. La route se fait sentier (on préfère!) et tout doucement s’élève dans l’abondante végétation. Après la traversée de la Riberette (toujours un peu épique…), une courte mais énergique montée nous conduit au bord de la route de Bélesta que nous traversons. En face, le sentier grimpe dans la garrigue et nous conduit devant la première borne. Elle est imposante, haute comme un homme de belle taille et d’un diamètre respectable. À sa base, la croix d’Aragon est gravée dans le rocher. Depuis cette borne, une deuxième est visible non loin de là.
Une sévère montée dans une pente abrupte, rectiligne et ravinée nous conduit sur un plateau propice pour la halte de la mi-journée. Après la pause, nous repartons sur un chemin qui serpente mollement et finit par nous conduire devant la troisième borne en tous points semblable aux deux précédentes mais sans la croix d’Aragon.
Notre route se rapproche de plus en plus d’un sommet que nous voyons déjà depuis un grand moment. C’est le Puig Pédrous. Le chemin contourne le massif mais un petit sentier permet en aller-retour de monter au sommet. Bien sûr, nous y allons. Le Puig Pédrous (pierreux en catalan), porte bien son nom, son sommet est constitué de gros blocs de pierre empilés les uns sur les autres et au milieu desquels est plantée une borne frontière. C’est la quatrième et la dernière que nous verrons aujourd’hui.
Peu avant l’arrivée, nous passons devant le hameau abandonné de Casesnoves avec son église romane du XIème siècle qui défraya la chronique lorsque ses précieuses fresques murales furent arrachées au cours du XXème siècle pour être vendues de façon semble-t-il assez peu transparente. Par chance retrouvées et rachetées par la ville elles sont actuellement exposées à l’Hospice d’Ille sur Têt.
Encore quelques centaines de mètres et nous voila sur le parking ombragé au bord de la rivière. La randonnée est finie.
Nous étions neuf participants, nous avons marché sept heures, parcouru 20 kilomètres avec 575 mètres de dénivelée et vu quatre bornes de l’ancienne frontière.
Nous avons marché vingt bornes pour en voir quatre en quelque sorte. (Beau bilan…)